Des Repères qui nous concernent

Chère lectrice, cher lecteur,

 

Quel que soit le sujet, je suis tenté d’en revenir aux années 1970. Il en va ainsi d’un excellent Repères, consacré à la Sociologie de l’avortement, écrit par Marie Mathieu et Laurine Thizy. Le « Manifeste des 343 » est publié le 5 avril 1971, le procès de Bobigny a lieu en octobre et novembre 1972, le MLAC est créé en avril 1973, la loi Veil date de janvier 1975… Cela peut sembler loin, mais la révocation par la Cour suprême états-unienne du célèbre arrêt Roe vs Wade, qui autorisait l’avortement au niveau fédéral depuis presque cinquante ans, date du 22 juin 2022. Certes, les temps changent, et avec eux les conditions sociales, idéologiques et politiques, tout en ne changeant pas complètement : contre nombre de prédictions, les statistiques sont relativement stables, l’avortement concerne aujourd’hui une femme sur trois en France, et cette pratique demeure stigmatisée, invisibilisée, soumise à un rapport de pouvoir entre « classes de sexe ».

À la lecture de ce livre, on est frappé par l’important corpus de connaissances produites sur ce sujet depuis 1982, date à laquelle un article de la Revue française de sociologie était titré : « Une sociologie de l’avortement est-elle possible ? » De toute évidence désormais, elle est possible, particulièrement riche, au point même de justifier ce Repères pour celles et ceux qui en méconnaîtraient l’étendue et la diversité.

Sans chercher de transition plus ou moins habile, nous en venons au second titre de cette livraison : Théories du leadership, écrit par Sarah E. Saint-Michel. Parce qu’il s’agit d’un ouvrage classé en « gestion », l’univers de référence est celui des organisations. Mais nous passons inévitablement une partie de notre temps dans des organisations, plus ou moins bureaucratisées, et nous y sommes confronté(e)s à cette question du leadership, qu’il convient de ne pas confondre avec le simple management. Bien que ces théories, accumulées au cours du temps dans plusieurs champs disciplinaires, s’appliquant à des contextes différents, soient nombreuses, il est possible d’en établir un panorama composé de six courants. Ainsi est-il possible de s’intéresser aux qualités personnelles du leader, à son comportement, à l’incidence du contexte, aux effets propres du charisme, à la dimension éthique ou au système d’interactions. Un présupposé de cette étude est que dans tout groupe confronté à la nécessité d’atteindre un objectif plus ou moins commun émerge un leader, dont le comportement exerce une influence non négligeable sur l’efficacité du travail collectif. J’ignore toutefois si existent des théories de l’« absence de leardership ».

 

En vous souhaitant de bonnes lectures,

 

Pascal Combemale