Distinguer les individus les uns des autres, reconnaître l'identité d'une personne, prouver son identité : ces opérations qui semblent aujourd'hui banales sont l'aboutissement de processus historiques complexes. Selon les époques, le développement de formes spécifiques d'identification des personnes a joué un rôle majeur dans l'exercice de tout pouvoir et dans l'organisation et la régulation des sociétés. L'histoire de l'identification éclaire ainsi d'une lumière nouvelle la genèse de la modernité démocratique.
Cet ouvrage souhaite montrer les transformations continuelles, du Moyen Âge à nos jours, des manières d'identifier, l'évolution des conceptions, des pratiques et des acteurs qui les constituent ainsi que les débats qu'elles suscitent. Première synthèse sur un domaine de recherche en plein essor, il expose l'actualité des études sur ce sujet et présente les méthodes d'une histoire de l'identification, au carrefour de plusieurs disciplines.
Introduction
I / Identifier à l'époque médiévale (XIe-XVe siècle)
Les mutations de la société médiévale
Les signes d'identité : un substitut de la personne
Rendre présent : le sceau - Un signe d'identité collective et individuelle : les armoiries - L'habit fait-il le moine ? Vêtements et identité - Les insignes : entre liberté et contrainte
Compter, enregistrer, exclure et traquer : la part des autorités
Compter : estimes, cadastres et enquêtes - Exclure et traquer : la justice - Signes sur la peau et physionomie
Sauf-conduits et passeports au Moyen Âge
II / L'identification saisie par l'État et par l'écrit (XVe-XVIIIe siècle)
L'âge d'or des registres
De l'identité religieuse à l'enregistrement universel - Recenser et taxer : les forces de l'État - Les armées : contrôler et secourir - Enregistrement et contrôle : la " police " - L'ambition d'un enregistrement universel - Les mailles de la justice
Du corps marqué au corps écrit
La marque judiciaire - Quand l'écrit recueille le corps : l'avènement du signalement - Comment décrire les individus ?
Les passeports : du privilège à l'obligation
La question sociale et le contrôle de la mobilité - L'identité des soldats et l'administration militaire -Du contrôle à l'obligation - Être identifié : accommodements, résistances, impostures
III / L'identification à l'âge de l'État-nation (XIXe siècle)
L'enregistrement des individus
Les réformes de l'état civil
Le recensement des populations - L'avènement de l'État social et l'individualisation des prestations
La généralisation des papiers d'identité
Les documents d'identité et la construction du national - Des permis et des droits - La carte électorale et l'entrée en citoyenneté - Documents militaires, sur le papier et le corps - Contrôler la circulation des personnes et identifier les migrants
IV / Vers une identification de masse (de la fin du XIXe siècle à la Seconde Guerre mondiale)
Les réformes de l'enregistrement judiciaire
Renforcer l'information policière - L'identification par l'anthropométrie - Une " révolution identitaire " : l'anthropométrie judiciaire à la préfecture de police - Du fichier central à l'identification à distance - Les usages civils de l'identité judiciaire
Identification de masse et contrôle global de la population d'une guerre mondiale à l'autre L'encartement des étrangers - Mobilités à grande échelle et nouveau régime des passeports - Identification et régimes extrêmes de contrôle - La carte nationale d'identité : un objet pratique et symbolique -Identification et persécutions des juifs durant la Seconde Guerre mondiale
V / Régime de surveillance et technologies informatiques (milieu du XXe-début du XXIe siècle)
La carte nationale d'identité : un identifiant unique ?
La prolifération des fichiers de sécurité
L'identification permanente des étrangers
La surveillance par l'image
Conclusion
Repères bibliographiques