Après 1988, l’Algérie a connu plus de dix ans d’une terrible guerre à la suite de l’interruption par l’armée de la première expérience démocratique du monde arabe qui a brièvement profité au Front islamique du salut (FIS). Dans les années 2000, l’Algérie d’Abdelaziz Bouteflika a lentement retrouvé la paix grâce à la rente des hydrocarbures, mais au prix d’une absence de justice et du mensonge. À l’armée, principale détentrice du pouvoir, se sont alors agrégés de plus en plus les milieux d’affaires qui ont profité de la libéralisation économique. La corruption a explosé. En 2019, une mobilisation populaire pacifique, inédite par son ampleur et sa durée, le hirak, a demandé que ce régime « dégage ». Après le départ de Bouteflika, l’armée a engagé une transition factice pour reconduire un régime à bout de souffle, ouvrant une nouvelle période à l’issue incertaine. Aucune alternative politique claire ne semblait se faire jour, alors que les perspectives économiques s’assombrissaient. C’est cette évolution de trois décennies d’une Algérie contemporaine très contradictoire que cet ouvrage retrace de manière chronologique.
Version papier : 10,00 €
Version numérique : 7,49 €
Détails techniques
Collection : Repères Parution : 04/06/2020 Format : EPub
ISBN papier : 9782707183644 ISBN numérique: 9782348059094
Jean-Pierre PEYROULOU
Jean-Pierre Peyroulou est professeur agrégé et docteur en histoire (EHESS). Il a préfacéLes Massacres de Guelma de Marcel Reggui (La Découverte, 2006). Il a publiéL'Algérie en guerre civile (Calmann-Lévy, 2002). Il est rédacteur de la revue Esprit.
Table des matières
Introduction I/ 1988‑1991 : la démocratie, pour quoi faire ? Octobre 2008 : des émeutes sur fond de transition vers l’économie de marché et de luttes de pouvoir Un multipartisme en trompe-l’œil Impasses économiques et transition vers l’économie de marché L’islamisme algérien : sacralisation du politique et politisation du religieux Le Front islamique du salut, un mouvement hégémonique II/ 1991‑1992 : le basculement La « grève insurrectionnelle » de juin 1991 et la reprise en main par l’armée La victoire du FIS au premier tour des élections législatives de décembre 1991 et le coup d’État de janvier 1992 La vaine tentative de Mohamed Boudiaf de restaurer l’unité nationale L’assassinat de M. Boudiaf, la corruption et les relations avec le Maroc III/ 1992‑1995 : la guerre La marginalisation des islamistes politiques et l’essor des groupes armés se réclamant de l’islam Guerre de reconquête et guerre antisubversive Groupes armés, milices et passage à l’économie de marché L’histoire convoquée au présent 1994, un pays isolé et aux abois sur le plan financier 1994‑1995 : échec des initiatives de paix et consolidation du pouvoir IV/ 1996‑1999 : une difficile et lente sortie de guerre Les violences contre les catholiques Illisibilité de la violence : grands massacres, luttes de clans et négociations pour une sortie de guerre L’Algérie face à l’opinion internationale et au féminisme Amélioration des exportations d’hydrocarbures, poursuite de la détérioration de la situation sociale La mise à l’écart du tandem Zéroual-Betchine et le choix d’Abdelaziz Bouteflika en 1999 V/ 1999‑2011 : les contradictions du retour progressif Abdelaziz Bouteflika et la « réconciliation nationale » : la sortie de guerre par l’impunité La lutte des récits de guerre : l’émergence du récit de la « sale guerre » et de la demande de justice pour les victimes La Kabylie, un concentré des contradictions algériennes La manne des hydrocarbures, mais pour quoi faire ? L’État face aux défis sociaux et aux transformations de la société Le (relatif) retour de la diplomatie algérienne dans le monde Hydrocarbures en panne de réforme, corruption d’État institutionnalisée VI/ 2011‑2019 : des printemps arabes au hirak L’irruption des printemps arabes, des émeutes et des mouvements sociaux Le « pouvoir » : un cartel, le « système » : un clientélisme Le hirak de 2019 Conclusion Bibliographie