Rien de prévu ?

Chères lectrices, chers lecteurs,

 

Nous plaignons celles et ceux dont le métier consiste à produire des prévisions. Certes, le monde a toujours été incertain, mais le degré d’incertitude varie au cours du temps. Pendant certaines périodes, temporairement stabilisées, les régularités du passé offrent une bonne base pour réduire la marge d’erreur des projections. Ce n’est manifestement plus le cas aujourd’hui : la guerre à nos portes s’accompagne d’une recomposition géopolitique à l’échelle mondiale dont on peut seulement présumer que ses effets seront de très grande ampleur.

Dans ce bouleversement, l’Europe apparaît fragile et menacée. L’économie européenne 2022 de l’OFCE, coordonné par Jérôme Creel, permet de diagnostiquer l’état dans lequel elle se trouve au moment d’affronter ces nouvelles épreuves. Au-delà de l’analyse conjoncturelle, de nombreux sujets sont abordés, en particulier les relations entre la politique budgétaire et la politique monétaire. C’est la quatrième livraison de cette série consacrée à l’économie européenne et l’ensemble permet déjà de disposer d’un fragment d’histoire économique contemporaine.

Il est connu que l’une des singularités de la construction européenne est d’avoir, pour les pays de la zone euro, institué une monnaie incomplète, sans État souverain, la Banque centrale européenne étant la seule institution fédérale. De nombreux économistes avaient prédit que cette tentative était vouée à l’échec. Pour l’instant, malgré les turbulences, l’euro résiste. On se souvient du whatever it takes de Mario Draghi, qui a confirmé à quel point la monnaie était une réalité tout à la fois économique, sociale et politique. Mais aussi une réalité complexe : le succès du Repères consacré à La monnaie et ses mécanismes, qui en est à sa huitième édition, doit beaucoup au talent pédagogique de Dominique Plihon.

L’état du management 2022 illustre aussi deux qualités de la collection : elle s’inscrit dans la durée et elle contribue à la diffusion des savoirs scientifiques en publiant des chercheurs, en l’espèce ceux du laboratoire DRM de l’université Paris-Dauphine, sous la direction de Sébastien Damart et Céline Marie Michaïlesco. Comme les précédentes livraisons, celle-ci témoigne de la vitalité de la recherche en sciences de gestion.

Il existe des transitions assez faciles entre le management et le cannabis, mais nous renonçons à les illustrer. Peut-être le savez-vous déjà, mais nous sommes les premiers consommateurs de cannabis en Europe. Plus d’un quart de la population déclare en avoir consommé, un lycéen sur huit dans le dernier mois. Il s’agit donc d’une pratique à la fois illicite et courante, par conséquent un très beau fait social et un sujet de politique publique. Ce qui justifie ce Repères sur Le cannabis d’Ivana Obradovic, que l’on peut offrir autour de soi, pour engager la conversation.

 

Pascal Combemale