Comprendre la crise financière : retour à Keynes


Pascal Combemale

Le parallèle désormais couramment effectué entre la crise financière actuelle et la crise des années 1930 constitue une facilité discutable, mais compréhensible : confronté à une situation inquiétante, le réflexe est de rapporter l'inconnu au connu en recherchant un ancrage dans le passé. Or la « grande » dépression de l'entre-deux-guerres évoque immédiatement le nom de Keynes, qu'elle a en quelque sorte révélé comme l'économiste ayant « sauvé » le capitalisme.
Et il est tentant de conjecturer que la même pièce se joue à nouveau : contre l'orthodoxie de son temps, qui prêchait la doctrine du « laissez-faire », Keynes avait démontré la nécessité d'une intervention de l'État pour réguler l'économie de marchés ; le retour en force de cette orthodoxie depuis les années 1980, en particulier de la croyance néolibérale en l'autorégulation des marchés, ayant conduit au désastre que nous vivons aujourd'hui, pourquoi n'assisterait-on pas à une « revanche » des keynésiens ?
Bien que l'histoire ne se répète jamais, les institutions économiques et la configuration internationale ayant beaucoup changé depuis la parution de la Théorie générale en 1936, il suffit de se souvenir que Keynes connaissait mieux que tout, en tant que spéculateur professionnel, le fonctionnement des marchés financiers et que son nom est aussi associé à celui d'une station de ski, Bretton Woods, à nouveau au cœur de l'actualité, pour considérer que cette question vaut la peine d'être posée.
Si la crise contemporaine s'explique pour partie par l'oubli délibéré des leçons et des avertissements de Keynes, le moment est venu de se rafraîchir la mémoire. Le moment de lire ou relire Keynes.

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