Paradise Papers, oui mais ensuite ?

Les Paradise Papers nous apprennent à la fois peu et beaucoup. Peu parce que nous connaissions bien sûr l'existence des paradis fiscaux. Beaucoup parce qu'il était difficile de mesurer leur importance relative, en termes de circulation des capitaux, d'évasion fiscale, d'imbrication avec le système bancaire légal. Nous savons désormais qu'ils sont partout, jusqu'au cœur de l'Europe, par exemple aux Pays-Bas, souvent présentés comme un « bon élève ». Et il est vrai que le paradis on l'imaginait quelque part, ou nulle part, mais pas partout.

Voici en tout cas qui peut changer la perspective pour l'économiste. En effet, les paradis fiscaux ne sont plus seulement une affaire de morale, d'argent sale, de corruption, etc., ils apparaissent désormais comme un rouage du système économique international. Toute analyse macroéconomique un tant soit peu réaliste ne peut plus continuer à les ignorer, ne serait-ce que pour des raisons liées aux biais dans les statistiques. Comme souvent, l'enjeu est la régulation. La finance doit être régulée, mais elle n'aime pas ça et elle a les moyens, soit de désarmer les régulations, soit de leur échapper. On joue par conséquent aux gendarmes et aux voleurs.

Un intérêt des Paradise Papers est de fournir une justification à l'action. Mais une action efficace présuppose une bonne connaissance de ce que l'on veut réguler.

 

Ce qui justifie quelques conseils de lecture :

 

• Sur les paradis fiscaux, le livre de référence : Les Paradis fiscaux par Christian Chavagneux et Ronen Palan 

 

• Sur le système financier, le manuel de référence : Macroéconomie financière par Michel Aglietta et Natacha Valla

 

• Sur les aspects plus techniques : Les Produits financiers dérivés par Yves Jegourel et Les Hedge Funds par Guillaume Monarcha et Jérôme Teïletche

 

• Enfin, si l'on élargit la perspective jusqu'aux tendances lourdes du nouveau capitalisme : Le Nouveau Capitalisme par Dominique Plihon

 

Bonnes lectures !